Je n'aime pas les humains maintenant, mais je les ais aimés il y a longtemps. Bien longtemps. Lorsque j'étais plus jeune, et ignorant entre autre, lorsque je venais tout juste d'être créé. Tout cela est loin désormais, mais je peux faire l'effort de m'en souvenir. Cela ne fera juste que raviver ma peur des hommes. Ou ma haine.
Je suis apparu au même endroit que tout les autres, en ville, dans un bâtiment que je juge sinistre. Ils avaient décidé de faire un lion, encore une lubie étrange venant de leurs esprits dégénérés. Un lion, mais en cage. Je ne me souviens pas très bien de la pièce où j'étais enfermé, juste des visites régulières des employés, aussi bien hommes que femmes. Je ne me rendais pas compte alors des mauvais traitements, bien que cela fut évident. En effet, je ne devais pas être nourrit plus de deux, peut être trois, fois par semaines, mais cela me semblait normal. Sans compter l'état minable des lieux... Et puis, ces hommes et ces femmes jouaient avec moi pendant quelques temps dès lors qu'ils entraient dans ma pièce. Je les appréciaient pour ça. Ils ne me considéraient que comme un chat. Je n'étais pas un chat. C'est arrivé assez vite, car même si mon esprit se contentait de cette vie, mon corps lui ne s'y faisait pas. L'instinct, vous savez bien ce truc qui vous fait agir d'une manière inconsidérée, que j'avais en moi n'est pas resté sage, et bientôt j'agressais l'un des hommes venu jouer. Pas vraiment méchamment, de toute manière je n'avais pas de crocs ni de griffes, mais ils prirent peur.
Commencèrent alors tout un tas de manœuvres tordues pour éviter tout contact avec moi. Le chat était devenu un lion. On me changea d'endroit, et mes conditions ne s'améliorèrent pas. Je ne vis plus d'être vivants, mis à part un bras apparaissant pour me nourrir. J'entendais évidemment les gens de le couloir, leurs rumeurs à mon sujet. Ils chuchotaient mais c'était suffisant. Les voix qui avaient jouées avec moi se transformaient en ennemis invisibles. J'ai essayé de ne plus y faire attention. Vous imaginez bien que je n'ai pas réussi. Alors, j'ai attendu. Je devais avoir douze ans à cette époque là. J'ai attendu que l'occasion se présente, et elle est venue à moi. On m'a finalement fait sortir, pour m'emmener où? Je ne voulais pas savoir. Je n'ai pas traîné, non, j'ai couru aussi vite que je pouvais malgré le sédatif. Pas très puissant leur machin. J'ai passé quelques jours roulé en boule dans un carton, je me souviens bien de ce moment. Ils ne m'ont pas retrouvé, ou pas cherché.
Lorsque je suis sortit et que j'ai vu tout ces êtres comme moi domptés par les hommes, par des hypocrites, j'ai d'abord voulu les aidés. J'ai abandonné dès la première heure, n'ayant pas le courage d'affronter leurs maîtres. Je voulais leur dire que les humains ne savaient que mentir, et que s'ils jouaient aujourd'hui avec vous, demain ils vous battraient. Mais je n'ai rien fait. Je ne m'en veux pas, chacun sa vie. Moi j'ai juste préféré partir, quitter la ville, aller loin, masquant mes oreilles, ma queue et mon identité. J'ai changé de nom, je n'aimais pas celui de mon créateur. Je l'ai même oublié.
Maintenant, je suis Eden.