Evangéline est née dans un laboratoire des plus banals, avec une histoire des plus banales, à une exception près... Dans ce laboratoire, elle n'était pas seule. Elle était la première hybride de son espèce, et elle faisait la joie des scientifiques, pour une durée indéterminée. Elle se rappelle d'un jour, où, dans sa cage, on l'avait observé. En mangeant tranquillement, elle avait pu entendre quelques commentaires sur elle. Bien sûr, la petite était un peu embarrassée qu'on l'observe autant, mais elle n'en disait rien. Elle avait pu entendre un "Je suis fier de nous!", "Félicitations!", "Qu'elle est mignonne!" etc... La petite chose, objet de fierté, se cacha alors sous ses grandes ailes rosées, intimidée.
Les jours passèrent, et les scientifiques oublièrent peu à peu Evangéline, qui fut laissé à son sort. Elle grandit dans le laboratoire, avec les autres hybrides auxquels elle ne parlait jamais pour aucune raison. Un soir, alors qu'elle s'assoupissait, ailes repliés, elle entendit un bruit. Comme quelqu'un qui tombe sur le sol. Elle ne comprit pas tout de suite. Puis, elle entendit des cris, c'était la panique. Des bruits de cages qu'on ouvrait brutalement. Des bruits de pas irréguliers. Evangéline n'eut pas le temps d'ouvrir totalement les yeux que c'était déjà la panique totale. Ne comprenant rien, la peur se saisit soudainement d'elle. Elle s'approcha de la porte de sa cage, et par pur bonheur, remarqua que celle-ci était ouverte par on ne sait quel miracle. La petite hybride passa la porte, et de ses ailes, plana jusqu'à la sortie. Des hybrides furent rattrapés par les scientifiques, et emportés on ne sait où. Tout le monde essayait de courir, pour échapper aux mains des hommes...
Enfin dehors, dans la pénombre de la nuit. L'air frais. C'est la première fois qu'Evangéline sentait cela. Le vent dans ses cheveux, le froid sur sa peau, l'air ambiant, le bruit des feuilles... Tant de choses qu'elle ne connaissait pas.
L'hybride grandit encore. Elle se fit capturer, plus tard, dans une animalerie. Elle réussit à survivre environ 1 an en liberté. Et, honnêtement c'était l'Enfer. Seule, souffrant de la solitude... Stress imminent. La peur de se faire attraper. Le vol pour manger. Courir toujours et encore. Le coeur battant, espérer rentrer en un seul morceau. Seule, toujours seule. Voilà ce qu'elle endurait pendant un an. Cette souffrance, elle n'en voulait plus. Intimidée par les humains, elle ne pouvait pas aller vers eux non plus.
Un jour, alors qu'elle volait de la nourriture le jour d'un marché avec un groupe d'autres hybrides, quelques-uns d'entre-eux se firent capturer. Elle eut peur, très peur. Elle courut autant qu'elle pouvait, espérant ne pas se faire attraper. Elle fut séparée des autres, empruntant une autre rue, et se trouva dans un cul-de-sac. Paniquée, elle se cacha en ce qui semblait être des poubelles. Ainsi, elle patienta, durant quelques minutes. La respiration haletante, elle n'osait plus sortir. Au loin, la silhouette d'un marchand se dessina. Bien heureusement, il ne s'enfonça pas dans la rue, ni ne regarda les poubelles. Au bout du compte, il partit. Evangéline, serrant fermement le peu de nourriture qu'elle avait contre elle, sortit quelques minutes après. La jeune femme examina la rue, et soupira de soulagement. Il était parti. Elle sortit de la petite ruelle, et commença à marcher paisiblement.
"Maman! Regarde! Une hybride!" La voix d'un petit garçon retentit. Manque de chance, il pointait Evangéline du doigt. L'homme qui semblait être un marchand se retourna violemment et la reconnut. C'en était fini d'elle. L'angoisse se saisit de la petite hybride, et elle ne bougea pas, tandis qu'en courant, l'homme se saisit d'Evangéline et la frappa avec violence. Plus tard, celui-ci appela l'animalerie, ne voulant pas des bestioles qu'il avait attrapé la veille.
C'est ainsi que la petite Evangéline se retrouva dans une animalerie quelconque, ne parlant plus, et attendant sagement que quelqu'un vienne à la sortir de là. Si on lui demandait son avis, elle dirait sans aucun doute, qu'elle est beaucoup mieux à l'animalerie que dehors. Mais ce choix reste assez personnel tout de même.