Je suis né à l’hôpital de Perfect Town, une ville que j’ai toujours habité et aimé habiter. J’ai toujours eu une vie calme. Mon enfance s’est déroulée normalement. Je suis allé à l’école, j’ai obtenu d’excellentes notes toute mon enfance, d’ailleurs. Mes parents ont toujours été fiers de moi, je crois. J’avais un joli bulletin, une bonne éducation et je prenais un malin plaisir à énerver les hybrides de mes parents. Même à cette époque, je ne les aimais pas tout particulièrement. Mon père disait toujours : « Ils ont été créé pour nous satisfaire et on les achète comme on achète une simple boîte de thon. Alors on peut bien faire ce que l’on veut! »

Il avait bien raison.

Mon adolescence. Elle a été nettement plus mouvementée. Sexe, drogue, alcool, fêtes. Je crois que j’ai tenté tout ce qui était possible de l’être. Mes parents ont trouvé, à cette époque, mon comportement complètement exaspérant. Cependant, puisque j’excellais toujours en cours, ils n’ont jamais réellement punis mes excès. Je n’ai jamais eu à m’en plaindre, d’ailleurs. Ça m’a permit de vivre pleinement ma petite période de délinquance. Et puis il y a eu la rencontre avec Laur. Je l’ai croisé pour la première fois dans une fête organisée par un ami à moi. Ça a été le coup de foudre de mon côté. Mais… ça a été à sens unique. Laur, j’ai mis du temps à la séduire. Avec elle, j’ai toujours été doux, calme et attentionné. J’ai mis du temps avant de la conquérir, mais une fois cela fait… on s’est vite retrouvé inséparables. À nos dix-huit ans, nous avons rapidement laissé tomber le nid familial pour s’installer ensemble dans une magnifique petite maison.

Je l’ai épousée peu de temps après notre déménagement. On eu comme tout le monde nos propres hybrides. Laur n’a jamais été très fan de la façon dont je pouvais les traiter. En sa présence, j’ai appris à me contrôler. Mais lorsqu’elle était absente…

Bref, ma vie a été un parfait bonheur pendant un bon moment. J’avais une maison, ma Laur attendait un enfant, j’avais un travail qui me passionnait au laboratoire… franchement, c’était –et je me répète- un parfait bonheur.

Ce bonheur a duré quelques années… jusqu’au jour où les choses ont radicalement changées.
Laur voulait aller faire une petite promenade en famille au parc. La voiture et nous, ses occupants, ne nous y sommes jamais rendus. Je me souviens vaguement d’avoir hurlé un avertissement à ma femme. On m’a dit plus tard qu’elle avait voulu éviter un hybride traversant la rue… mais je ne m’en souviens pas vraiment. La voiture a dû faire plusieurs tonneaux. Et quand je me suis réveillé, j’étais à l’hôpital. Ma femme était alors plongée dans le coma. Mon fils était mort sur le coup, ainsi que notre hybride que nous avions, à l’époque. Moi, j’avais été amputé du bras droit ; il avait été complètement réduit en poussière suite à l’accident.

Aujourd’hui… je ne travaille plus dans les laboratoires de génétique. Je suis cloîtré chez moi à remplir des papiers inutiles. C’est bien payé, mais ennuyant. Ma femme est toujours dans le coma et ne se réveillera probablement jamais. Bref, voilà ma vie de merde.